Daniel Reymann Peintures: peinture conceptuelle en techniques mixtes

Bio express

Je m'appelle Daniel Reymann et je suis né le 20/11/1955 à Mulhouse.

Mon domicile et mon atelier se trouvent à Colmar au 12, rue des écoles.

E mail : dani.reymann@gmail.com

Je suis marié et je suis père de 3 enfants.

Né peintre

Aussi loin que je me souvienne, les arts graphiques et plastiques ont toujours fait partie de ma vie.

J'ai toujours été touche à tout.J'ai toujours aimé les formes surprenantes et les couleurs chatoyantes.

Enfant, je passais des heures à observer les reflets de lumière dans un verre d'eau. Je m’émerveillais de la forme des taches de café sur la table, de leurs dégradés délicats. Je cherchais des dragons et des chevaliers dans les motifs des carrelages aux formes indéfinissables. Vers 12 ans, mon grand-père, ébéniste,m'a donné des bases opérationnelles du dessin. Il m'a expliqué qu'il fallait utiliser le crayon dans toutes ses possibilités : du plus clair au plus foncé. Je n'y avais pas pensé. Je croyais que le crayon ne laissait qu'une trace qu'on pouvait facilement gommer. Cette révélation m'a marqué à vie. Plus tard on m'a formulé cela d'une manière plus large : il n' y a pas d'art sans contraste ; J'ai gardé cette information précieusement dans un coin de ma tête.

Le temps de mes premiers tâtonnements et de mes premières découvertes.

Au lycée, j'avais un professeur d'arts plastiques, Monsieur Alain Tisserand, que j'aimais bien et qui m'a fait bénéficier, en dehors des heures réglementaires,de cours supplémentaires ; Il m'a initié aux fondamentaux : théorie des couleurs, règle d'or, la peinture à l'huile et surtout les sensations qui accompagnent cette pratique : l'odeur du case-arti, de l'huile, des essences, le grain de la toile, la douceur des pinceaux en poil de martre, tout un monde qui flatte les sensations. Il m'a fait remarquer que toutes mes compositions intuitives obéissaient à la règle d'or. Depuis ce jour, je sais que j'ai la liberté de faire sans construire.

Je suis entré, à cette époque, dans un monde enivrant mais en même temps très exigeant. J' y suis resté un moment pour mériter mes galons de « peintre ». Grâce à mes lectures et les expérimentations , j'ai pu réaliser les premiers tableaux à l'huile suffisamment satisfaisants pour plaire à mon entourage. Plaire est le maître-mot de l'adolescent ou du jeune adulte et il y a indéniablement dans ces surfaces animées un pouvoir de séduction qui sert leur auteur et qui l'aident à trouver sa place dans ce monde.

J'en étais encore à la découverte du monde quand les professeurs nous ont emmenés voir l'exposition de Van Gogh à Strasbourg. C'était magnifique. Je sentais bien qu'on n'était pas préparé à recevoir cette vision. On sentait qu'il y avait bien plus que des images, que des motivations très profondes nous emmenaient bien au-delà du visible. En même temps que cette exposition, il y en avait une autre , sans prétention, sur l'art minimal. Cela m'a bouleversé définitivement et, je dois l'avouer, autant que Van Gogh.

Au milieu des années 70, les librairies étaient remplies de livres sur Dali. Un jeune esprit ne pouvait pas savoir qu'il avait affaire à un OVNI directement issu de la Renaissance et que l'intérêt qu'on pouvait porter à son travail faisait l'impasse sur quatre siècles d'histoire de l'art.(le côté surréaliste mis à part). Je n'imaginais pas que peindre de façon méticuleuse ne répondait pas à mes besoins profonds, mais le débutant a des excuses- surtout de ne pas se connaître suffisamment.

A ce moment-là, j'aurais du opter pour les Beaux Arts, comme mon professeur d'arts plastiques m'y encourageait mais je ne sortais pas d'un milieu où il était bien vu de s'engager dans un avenir incertain. C'est alors que j'ai choisi une filière scientifique qui devait m'offrir un avenir plus sûr . Finalement, je me suis retrouvé instituteur puis professeur des écoles pour enseigner le Français Langue Seconde. Je ne regrette rien. J'ai pu fonder une belle famille et avoir du temps pour peindre,de sculpter de faire de la musique. Ce fut une période aussi riche que ma passion pour la peinture et a comblé ma vie d'homme et d'artiste

Mes premières expositions et mes premiers prix.

J'allais avoir 30 ans et c'est alors que j'ai fait table rase de mes acquis. Je me suis rendu compte que la peinture telle que je la pratiquais ne me satisfaisait plus. Contraignante, longue à mettre en œuvre, j'avais passé tellement de temps avec le tableau que je ne partageais plus la même émotion avec la personne qui le découvrait la première fois. Il me fallait une exécution rapide et les différents repentirs, dont j'avais à me plaindre, éliminés. J'ai donc commencé à coller des cartons sur des panneaux,à les maroufler de toiles , à peindre au rouleau avec de l'acrylique et au pistolet pour finalement rayer le tout. La phase de préparation était certes longue, mais une fois entamé le processus de peinture tout se formait rapidement sous mes yeux. Je m'appropriais le tout avec quelques touches de couleurs et quelque rayures et je montrais.On découvrait pratiquement ensemble.

J'ai fait ma première exposition chez Isner-Conci à Rouffach en 1986. Succès d'estime, ventes.

Ensuite, Lausanne à la galerie In-Octavo. Succès d'estime, ventes. Mêmes conclusions.C'est flatteur, ça donne tellement envie de continuer.

Ensuite retour chez Isner. Bons articles dans la presse locale,un tiers des tableaux vendus ; Là, j'ai présenté des toiles froissées, peintes tangentiellement et marouflées sur panneaux. C'était entre l'abstrait et l'hyper-réalisme.

J'ai participé à l'opération « Eighty », où mon travail a été remarqué par Mr Jaeglé de la galerie Jade, à Colmar. Mon objectif était d'exposer chez lui, mais il est décédé prématurément .

J'ai participé à Auteurs/Acteurs organisé par le Lézard : 2° prix. Là, j'ai commencé à me méfier des concours. Les dotations me permettaient d'acheter du matériel mais me faisaient dévier de le ligne que je m'étais fixée. J'avais mon langage, mais il n'était pas universel.

J'ai participé à une expo de groupe au Japon, à Osaka. Mon travail a été présenté aux informations sur NHK. Les organisateurs avaient filmé toute l'opération.

On m' a donné l'occasion d'exposer dans des banques, à Munich, à Paris. J'étais à la recherche d'une galerie ou d'une personne qui prendrait ma carrière de peintre en mains ; il suffit (et il est nécessaire) de rencontrer la bonne personne. Je l'ai rencontrée, mais après une grave maladie de mon mentor, nos projets sont demeurés sans suite.

En 1992, j'ai été lauréat aux Trophées de la Couleur, concours national, en catégorie « professionnels », organisés par Lefranc et Bourgeois. J' ai rencontré des gens intéressants et j'ai maintenant le plaisir de voir mon tableau figurer dans la collection L&B. Le tableau a été resélectionné 20 ans plus tard pour représenter la collection lors d'une manifestation culturelle.

Cette année-là, j'ai participé aux « Balades d'ateliers » organisées par le Lézard. Suite à une rencontre, j'ai décidé d'abandonner l'abstraction géométrique que je pratiquais à ce moment-là. Je suis passé des cercles aux ronds et des carrés à des quadrilatères.

J'ai également participé à « Recycl'art », manifestation pour la quelle j'ai réalisé des sculptures en acier. J'ai découpé, meulé, soudé tout l'été. Les voisins m'ont dit merci quand j'ai arrêté. J' ai fait quelques sculptures, par la suite, pour le plaisir.

En 1995, j'ai été convié, avec quelques autres artistes locaux à élaborer les décorations de l'autoroute de contournement de Colmar. Plusieurs réunions à la mairie, visites du chantier. Dossier,idées, maquettes, photos : 200 heures de travail. Finalement, tout a été abandonné sans un mot d'explication, pas une seule réunion alors que l'agenda avait toujours été rempli de réunions aussi nombreuses qu'inutiles.

Découragé et désenchanté, j'ai mis fin aux expositions. Pourtant, je me retrouve 20 ans plus tard, à vouloir reprendre là, où je me suis arrêté.

Comment je m'y prends ?

Je suis gaucher. Je vois les choses comme un gaucher. Je réfléchis comme un gaucher. Je suis intuitif et j'ai une vision globale. La linéarisation de la pensée m'est sans doute plus laborieuse que pour un droitier.

J'aime les choses simples. Généralement, je recherche l'efficacité maximale avec le minimum de moyens. Pour rendre cette volonté crédible, il me plaît aussi de réaliser des travaux très élaborés , mais j'ai toujours tendance à penser qu'un travail très élaboré est une régression au regard des objectifs que je me fixe. Il me reste la satisfaction d'être capable de le réaliser et de faire ce que je veux sans me conformer à quelque mode que ce soit.

J'ai touché à tout ce qui s'est présenté à moi. Je suis curieux de tout. Pour ce qui est de la peinture mes préférences se sont arrêtées à l'huile, l'acrylique, une espèce de tempera et l'encre de Chine pigmentée. Actuellement, je travaille plutôt avec les trois derniers médias, mais il suffit que je fasse ce constat pour que je m'intéresse de nouveau à l'huile et à la dorure à la feuille.

Si mon travail est définissable par le médium employé, il ne l'est pas par les outils utilisés. Je m'empare de tout ce qui me tombe sous la main : ce qui m’importe, c'est la confrontation entre moi,la matière picturale et l'outil dans un temps donné. Avec l'acrylique, le temps est un facteur essentiel qui m'impose de travailler dans l'urgence. En cas de problème, température de la pièce trop élevée, choix inadéquat du médium, gêne dans le mouvement, pâte trop ou pas assez fluide, choix inapproprié de la marque de peinture...je dois réagir immédiatement et vu la taille des toiles que je sélectionne, c'est pratiquement une question de secondes. J'adore. J'adore l'imprévu, le choix qu'il m'impose et le résultat inattendu qu'il me propose. J'aime tellement cela que je provoque de l'imprévu pour chaque tableau. En gros, je change de technique pour chaque projet et chacun jette les bases pour le suivant. Dans tous les cas, je sais que je peux faire confiance dans la matière pour me suggérer des mondes insoupçonnables, mais probables.

Mes idées évoluent. Ma façon de m'exprimer aussi.

Pour prospecter le monde qui s'ouvrait devant moi, j'avais choisi de séparer la forme et la couleur. Selon le constat que le contraste simultané et par voie de conséquence son expressivité évolue au cours de l’exécution d'une peinture, ce qui induit des reprises; j'ai opté pour la mise en relief du motif ce qui permettait de le conserver en cas d'erreur de couleur. Je travaillais alors au rouleau et au pistolet. Cette façon de travailler m'était possible avec des motifs simples pour prospecter l'abstraction géométrique.Au besoin, je pouvais poser n'importe quelle couleur de n’importe quelle manière sans perdre le dessin. J'ai fait de la « mise en scène non-chaotique d'événements imprévisibles »

Comme je pouvais « lire » le motif avec les doigts, j'ai été amené à me demander ce qui se passerait si on m'enlevait telle ou telle élément que j'estime indispensable pour peindre. J'ai donc retiré successivement et alternativement les panneaux ou les toiles ou quelque support traditionnel que ce soit. J'ai peint sur des planches de coffrage, du bois vermoulu, toutes sortes de bois de rebut en privilégiant les bois à défauts, des feuilles de plomb...

J'ai ensuite retiré les couleurs. J'ai commencé à broyer du charbon de bois, de la terre cuite, des craies. J'ai également utilisé des feuilles d'or composite et, dans ce cas, je les ai toujours associées avec les graphismes les plus simples par souci de contraste.

J'ai ensuite retiré la main gauche pour concevoir les dessins de la main droite. La maladresse m'a permis de trouver des choses que j'ignorais.

J'ai ensuite retiré la vue. J'ai conçu tous les projets les yeux fermés. Tous les essais étaient nettement plus aboutis et intéressants que le dessin sur le motif. J'ai ainsi appris à revendiquer les « erreurs ».

A ce moment-là, j'ai commencé à coller du sable sur les toiles de façon à pouvoir graver le dessin. Une façon à moi de m'approprier les vanités. La peinture servant à coller le sable séchant très vite, il fallait travailler très rapidement quitte à prendre le risque d'avoir des erreurs définitives.

L'idée directrice de toutes ces expérimentations était de me créer des contraintes pour avoir la liberté de m'en affranchir et de m'approcher tout doucement du tableau qui se fait tout seul en une fois tout en évitant de faire trop de choix.

Je voulais la liberté totale au moment de peindre.

En retirant les panneaux, les couleurs, la main gauche, la vue, j'ai pensé que mes recherches avaient abouti. Pourtant, non ; il y avait encore autre chose : enlever la mémoire, se dire : j'ai tout oublié. Mettre tout en place de façon à faire une peinture de l'instant de manière à faire apparaître quelque chose que j'ignore ou qui était profondément enfoui en moi. Je crois que je cours après cette idée depuis 40 ans. Les solutions que j'ai trouvées n'en étaient que des corollaires . Toujours remettre en question les acquis ; toujours expérimenter de nouvelles pistes ; toujours repousser les limites, se laisser surprendre par ce que je n'étais pas capable de concevoir, ne pas faire de séries de tableaux (sauf pour consolider un nouvel acquis),varier les techniques à chaque tableau et finalement se sentir vivant.

Est- ce que je peux me contenter de cette réponse ?

Est-ce que j'ai été pertinent ? Est- ce que j'ai pu dépasser la seule reconnaissance des autres ?

Mes pensées et mes choix ont-ils été judicieux ?

Socrate n'a-t-il pas dit : « Ce que j'ai compris des choses était intéressant, le reste ne devait pas l'être moins. » ?

Je vais essayer de comprendre le reste.

Daniel Reymann 2015 Texte soumis à la critique éclairée de R.J.L. Pinto.

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